A l'instar de la division qui existe chez les journalistes :
- le journaliste « assis » travaille au siège du média : il commente, il analyse, il passe des commandes…
- le journaliste « debout » opère sur le terrain : il travaille ces sources, entretient la confiance, collecte l'information, il répond aux commandes du journaliste assis…

Risquons-nous d'assister dans les entreprises au même type de distinction ? Nos Knowledge Workers sont-ils prisonniers de ces mêmes dépendances ? Il faut en effet préciser que dans les médias il existe une hiérarchie qui place le journaliste assis au-dessus de son collègue le journaliste debout.

Les Knowledges Workers de nos organisations ne sont pas simples observateurs extérieurs. Après tout, ils participent eux aussi à travers l’exigence de communication à l’alimentation des journalistes.

Alors, ces collaborateurs qui ont souvent des idées originales sur des projets, des concepts innovants à vendre, des idées en rupture, des regards décalés sur la stratégie des organisations, souvent animés d’un idéal, seraient-ils des clones des pigistes du monde des médias ?

Décidément, la notion de productivité ne fait pas bon ménage avec la valorisation de l'information. Ainsi, au siège du média, l'information vite fabriquée et au moindre coût, et trouvant une large audience, sera immédiatement considérée comme la référence à imiter. Nous sommes dans une ère de taylorisation de l'information, ce n'est pas un scoop !

Est-ce avec la plus large audience que l’on fonde les projets les plus ambitieux et performants dans nos organisations ?

Tentons de ne pas instrumentaliser les travailleurs du savoir. Une telle situation mériterait bien une petite grève…Après tout, être sevré d’informations pendant deux jours ne serait pas si dangereux. Cela libèrerait du temps pour des activités créatrices...

Reprenons: le journaliste debout travaille une représentation idéale et la matière première informationnelle. Mais qui passe commande ? Le public ? Le journaliste assis ? La Direction du média ? La Direction des médias concurrents, en ce sens que l’observation mutuelle qu’ils se livrent entre eux se traduit par une grandissante conformité…

Ainsi, lorsque l'on considère la validité d'une information, il est indispensable de se préoccuper de l'intérêt que peut avoir son auteur à la diffuser. Là non plus, pas de scoop. Désolé.

Alors, les bloggers…assis, debout ?

ps: article inspiré par la lecture du numéro de 02/05 de Sciences Humaines: "Qui sont les travailleurs du savoir ?"