La démarche de mise en sens de l'information impose de s'en saisir, de l'étreindre, et lui conférer ainsi de l'épaisseur. Impossible en effet d'étreindre sans matérialité. Certes l'imagninaire nous autorise certaines prouesses...et les amants de Madame Bovary restaient sans matérialité..!

Mais avant de donner de l'épaisseur il faut sonder le regard porté sur les choses, les évènements, et les informations qui en rendent compte. Rappelons que le point de vue constructiviste souligne que la "réalité" ne préexiste pas à son observation. Je construis moi-même la réalité d'autant plus efficacement que j'y suis inclus.

C'est une invitation à ne pas rester passif !

A méditer: processus de décision...à la française.

• En France: "prendre" une décision.
• Chez nos amis anglo-saxons: "to make" a decision

Le regard s'inscrit dans des postures très différentes qui modifient toute la perception qui le suit : 

• il peut interroger et va chercher des réponses
• il peut vouloir prendre le contrôle et obliger l’autre par la contrainte
• il peut engager à l’intimité et au partage

Au 16è siècle, le regard était vu comme une sorte de lumière interne portée vers l’extérieur pour éclairer les choses. C'était la métaphore de la lanterne: porter son regard sur les choses pour les éclairer, comme le chat ou le loup voient dans la nuit.

Au 17è siècle, la métaphore du miroir est utilisée. Le regard reflète la lumière qui vient de l’extérieur, de l'environnement proche ou plus lointain. Il y a un début d'uniformisation.

Cette mutation d'entre deux siècles ne prend t'elle pas un sens quand on la met en résonnance avec le bombardement d'informations dont nous sommes victimes aujourd'hui. Comment être exclusivement 17ème siècle ?...dangerosité imminente.

Il semble dangereux informationnellement parlant de considérer que la force du regard vienne principalement de l'extérieur ?

L’intériorité commence ensuite à être interrogée dans la période classique qui interroge la constitution de l’intime. Au 18è siècle, se développe l’art de connaître les hommes par leur physionnomie. Il s’agissait de déceler des traits de l’intériorité en fonction de critères physiques du regard. Au travers de l’histoire de l’œil et du regard se développe une exploration de l’être tout entier.

Le regard n'est pas naturel, il est socialement construit. Le regard, comme le corps tout entier est un phénomène de culture.

De nos jours, le sujet tend à s’affirmer en se questionnant sur les normes qui le dirigent ? Comment puis-je me construire ? Je tente de me rassurer, en recherchant le regard de l’autre  avec cette question que je lui pose: « les normes que j’ai choisi sont-elles acceptables ? ».

L'entreprise partage ces questions tout à fait pertinentes sur le choix pertinent des normer, et qui donnent une plus value au travail des consultants qui savent déceler cette demande cachée le plus souvent.

ATTENTION: pour qu'il y ait regard, il faut un ARRET, une DISCONTINUITE

•  La TV fonctionne en continu. A l'opposé, le cinéma est construit sur des coupures de l’image, au bout d’une heure trente je quitte la salle...et j'échange souvent sur mon ressenti du film. La TV en tant que flux continu peut empêcher le regard de se fabriquer, je suis plus isolé.

• Votre messagerie fonctionne en continu...n'en soyez pas dépendant à l'excès ! Faites des trèves informationnelles, avec intelligence , et répondez aux mails que le lendemain matin...après une coupure nocturne, et pourquoi pas un ciné !