Il est une expression que je déteste particulièrement: la capitalisation, la veille, répondraient à l'objectif d'amener...la "BONNE information au BON moment, à la BONNE personne !"

Qui n'a pas entendu ou lu cette expression dans les cercles KM et IE autorisés ?

Elle se veut rassurante: "ah...très bien, cette personne fait partie de la tribue, elle a saisie l'enjeu de la démarche" ou bien "oui...je comprends cette image...alors le KM c'est ça ?"

Et bien non, c'est une phrase creuse, d'une perversité absolue, doublée d'une illusion entretenue permettant de se défausser. µC'est fâcheux quand elle est prononcée par des consultants !

Petite démonstration sans prétention:

   => la BONNE information ? qui déciderait de la notion du BON ? le dirigeant, le Chef de Projet, le consultant, un "maître", un être doté d'une conscience supérieure ?

   => Le BON moment ? je crois fondementalement aux synchronicités, aux attractions mais sans penser qu'elles se manifestent ainsi et se laissent séduire aussi facilement. Cette détection est avant tout liée aux capacités à être présent dans nos actions, à notre intuition.

   => la BONNE personne ? que peut une personne seule ? l'impulsion efficace est souvent lié à des rythmes collectifs. Les oies qui se relayent en cours de vol pour prendre la position de tête: chaque oie n'a pas la "Bonne information" au "Bon moment", mais sens le "Bon instant" (Le Kairos des Grecs) pour prendre la tête du groupe. Chacune est connectée sur son propre rythme interne et reliée au ryhtme du groupe.

            Heureusement que cette injonction nous échappe toujours...cela évite bien des catastrophes..!!! Cette formule est une sorte d'aveu d'impuissance déguisé, elle sous-entend qu'il faut TOUT cela pour prendre une trajectoire opportune. C'est probablement faux. Il faut des convergences, aménager parfois des retours en arrières possibles, des portefeuilles de scénarii. Il s'agit d'adopoter unneposture emprein te de modestie et d'humilité.

Ø      Pourquoi alors ne pas se laisser pénêtrer par cette pensée de PASCAL (Pensées. n°72)...

« Que feront-ils donc, sinon d’apercevoir quelque apparence au milieu des choses, dans un désespoir éternel de connaître ni leur principe, ni leur fin ? »

Ø      Ou se replonger dans les pensées des philosophes grecs:

Le "Kairos" désignait ce moment particulier où une action était la bienvenue, où elle allait trouver son efficacité pour atteindre son but. Le temps qui "tombe bien". Etre en "Kairos" veut dire être bien synchronisé par rapport à la totalité. C'est à cet instant précis quez l'on va pouvoir transformer une contrainte en opportunité. Cette conception suppose une discontinuité du temps, des statuts du temps différents qui se supperposent et doivent être mis en évidence. Mais à l'époque actuelle il s'agit bien d'une injonction paradoxale: réagir plus vite dans un cadre plus complexe, plus difficile, plus lent à comprendre et à maitriser. Cette relation au temps devient essentielle.

Une abondance d'information et une variété non maîtraisée ressemble très vite à un processus d'atomisation duquel plus aucune capacité d'agir ne sera ressortie.

Il faut renoncer au TOUT, à l'EXHAUSTIF, à la COMPLETUDE...

Cette maxime qui me fait donc penser à une "logique de coup", de "pure opportunité", "instantannée"...qui peut certe se justifier dans le cas d'activation de signaux forts imposant une prise de décision rapide, de type réflexif.

 

D'une façon générale, elle nous situe d'emblée assez loin de la formation des connaissances stratégiques de l'entreprise